Sur la route du lac Titicaca...

Publié le 27 Octobre 2013

Le 22 octobre 2013.

Aujourd'hui, nous devons quitter Cuzco pour prendre la direction de Puno, sur les rives du lac Titicaca.

La route pour quitter la ville est très longue. Beaucoup de circulation, de bruit, de pollution qui assèche la gorge et fait tousser. Après 45 kilomètres de bonheur entre les camions, nous arrivons à Andahuaylillas. Après ce village, nous devrons rouler encore des dizaines de kilomètres sans savoir où dormir... Donc ici, meme si il est encore tot, la question se pose: où dormir la nuit prochaine ? C'est là qu'un homme nous a demandé si nous avions besoin d'aide. Après avoir compris que nous cherchions un toit, notre bonhomme nous a proposé sa casa pour 30 soles.

Il s'appelle Dario. en arrivant chez lui, nous avons fait la connaissance de sa femme, Maria-Héléna. Leur maison est très agréable et au calme. Ca contraste avec la circulation à quelques centaines de mètres de là. Le couple est fier de nous la faire visiter. " c'est une maison coloniale ! " Satisfaits de l'accueil, nous avons aussi profité du reste de notre journée pour visiter le village. Magnifique petit centre ombragé par des arbres pour certains bicentenaires et protégés. L'église nous surplombanr serait l'une des plus belles des Andes. En effet, l'intérieur est tout en bois peint et sculpté.

Après avoir mangé nos pates et oeufs au plat comme chaque soir, nos hotes nous ont invité à partager leur dessert. Une spécialité de la région de Cuzco, du riz au lait servi avec du jus de maïs rouge. Plus qu'une dégustation, ce fut un véritable moment chaleureux. Nous avons réussi à converser une partie de la soirée. Leur vie , leur travail, leur famille. Ce fut une soirée douce et paisible. On aime...

Le 23 octobre 2013.

Ce matin, nous enfourchons nos bicyclettes pour une longue étape. N'ayant pas fait beaucoup de kiomètres le veille, nous aimerions ratrapper le temps et dormir à Sicuani ce soir. Dari nous a brièvement fait le topo du profil de notre parcours. Mise à part 5 bonnes cotes,le reste devrait etre plat. Nous sommes donc confiants. Nous devrios avaler les 90 ou 100 kms qui nous separent de notre prohaine nuit,dans la journée. Surtout que nous sommes en selle à 7h30 pétante!

Le paysages que nous traversons sont fidéles à ce que nous voyons depuis trois semaines maintenant. De hauts sommets caillouteux surplombent des vallées semées de mais ou de quinoa. Le seul arbre qui semble avoir sa place est l'eucalyptus. Après quelques kilomètres, des bergers courent derrière leur troupeau de moutons prets à traverser la route centrale. Ceux-ci sont bien gardés par des chiens. Encore une fois, nous doublons notre allure à la vue de leur course. Dècidemment,on nous l'avait bien dit,et c'est bien vrai,le chien est l'ennemi supreme du cyclovoyageur. Notre première petite pause, nous la faisons au surplomb d'un lac. La montagne ,nous faisant face,se reflète dans l'eau calme de la " laguna Urcos ".

Les heures passent et le relief nous donne du fil à retordre. La platitude,ici,n'existe pas.

Après la èniéme attaque de chiens, je dècide de garder dans mes poches deux ou trois pierres. Quelle bonne idèe! L'attaque qui suit,je dégaine et vise tout en pedalant. Raté! Mais le chien, voyant passer le caillou tout près de son museau, arrete d'aboyer et stoppe sa course.

A midi,Nous avons fait seulement 45 kms et nous avons évité un orage de peu. Les heures passent et les jambes s'alourdissent. De mon coté, ma selle me fait atrocemment soufrir. Aucun problème en Islande, mais là, ca devient de plus en plus insupportable. Puis les dénivellations... Chaque montée se fait de moins en moins vite pour aller jusq'à l'allure d'un piéton. Chaque coup de pédale devient un calvaire. Flo souffre aussi mais serre les dents. Au km 75, je ne peux plus me poser sur ma selle, la souffrance est réelle. Pétage de plomb. J'insulte les chiens croisés et peste sur ces péruviens nous klaxonnant sans arret.

Nous arriverons finalement á Sicuani,de nuit, après 104 kms difficiles. Les 30 derniers kms, nous aurons pédalé face á un vent froid, au crépuscule. L'hospedaje que nous avons trouvé nous a semblé etre une oasis au milieu d'un désert.

Le 24 octobre 2013.

Ce matin, en déjeunant nos pains et barres de céréales trempés dans un maté de coca ou une infusion de thym, nous avons pris la décision de mettre nos vélos dans un bus et d'aller jusquà Puno. En effet entre Sicuani, où nous sommes et notre prochaine destination, il y a encore un col (4350 mètres). Depuis le début du voyage, nous avons décidé de tous les éviter.

Après avoir essuyé plusieurs refus pour mettre les vélos dans les bus, nous trouverons finalement un "collectivos" (mini-bus). Après nous etre fait un peu escroquer sur les prix, nous nous entassons avec les autres passagers: meme si c'est parfois difficile, nous sommes contents de voyager avec les locaux. Leurs habitudes, leurs attitudes, c'est cela qui nous intéresse. Notre facon de voyager nous ouvre les yeux sur les difficultés de ce pays et de ses habitants. Elle nous permet de rencontrer des gens d'une extreme gentillesse.

Comme à chaque col passé, il pleut, il vente et il fait très froid, à 4000...bien contents d'etre dans le bus!

Au passage d' un village, des paysannes profitent de l'arret de notre bus par des policiers pour nous vendre des sacs de petits pains (de maïs, de céréales, avec du fromage...). Ni une, ni deux, presque tous les passagers sortent des pièces pour en acheter, nous y compris. Scène sympathique de la vie quotidienne au Pérou où la monnaie passa de main en main pour remonter la travée du bus et où les petits pains sont engloutis aussi vite qu'ils sont arrivés: Les deux bonne-femmes à cote de Flo termineront leur repas en mastiquant des feuilles de coca pendant des heures, rendant leurs dents toutes noires.

c'est á deux ou trois kms de Juliaca, selon le chauffeur que notre bonne journée va s'achever. Notre minibus commence á zigzaguer entre des poteaux électriques couchés, des rochers et des tas de bris de verre posés au milieu de la route. Accident de la route? Vandalisme? Nous nous questionnons quand devant nous des dizaines et des dizaines de véhicules arrêtés sur le bas côté gênent la progression de notre "collectivos ". Au bout de quelques minutes, notre chauffeur se gare á son tour. Que faisons nous? Devons nous descendre? Nous nous apercevons que le trajet s'arrête lá. On nous rnd nos vélos et nos sacoches et débrouillez vous! La surprise cède la place á un sentiment de mal être, de peur. "Deux kms du centre " nous dit-il du haut de son toit de minibus. Flo et moi avons d'abord pensé à une opération " escargot " comme on peut en voir en France. Mais trés vite, le paysage est épouvantable. Des barrages de roches,de carcasses de voitures,de pneus brûlés sont plus ou moins gardés par des dizaines de personnes que l'on sent hostiles á notre passage. La ville s'approche, et l'avenue sur laquelle nous avancons en poussant nos vélos et de plus en plus piégée. L'asphalte est tapissée de verre. Pas de circulation. Des centaines de personnes marchent dans un sens et dans l'autre. On nous dévisagent. Flo recoit même une pierre dans sa roue arrière. Devant et dérrière nous, on glousse et cettte avenus qui n'en finit pas...

Dans le centre ville, atmosphère d'apocalypse. Pneus calcinés ou fumant encore,barricades de terre et de verre dans toutes les rues. Murs de poubelles, de déchets ménagers. Certains badauts se promènent avec un morceau de bois á la main. Nous traversons la ville á pieds e peur de crever nos pneus de vélos. Odeurs nauséabondes. Dans une rue, nous avancerons avec nos foulards sur le nez et la bouche. Tous les magasins sont fermés.

Pour la première fois du voyage,j'ai vraiment peur pour nous deux. Les regards se portent souvent sur nous, les seuls blancs, touristes au milieu du carnage. Mais que s'est il passé? " Manifestation ! " entend-t-on ci et là. Mais ce décor n'est pas celui d'une manif. Ces images nous les avons vu dans la presse, á la télé, ou dans les journeaux... Ici ceux sont des images de guerre.

Quelques personnes bienveillantes nous orientent vers la direction de Puno. Nous revoilà sur une grande et large avenue. Celle qui sort de Juliaca. Meme chaos. Barricades encore, hurelements de bagarres dans les rues adjacentes, Chair de poule, envie de crier notre peur... Une petite dame nous accoste et nous demande où nous allons. Après notre réponse, elle décide de nous accompagner vers la gare routière encore loin d'ici. Ca fait ´déjà 10 kms que nous marchons á travers cette désolation. Elle nous conseille de marcher au milieu. Eviter les bords... pourquoi? Jets de pierres? On suit . On lui demande si c'est dangereux, elle répond oui.

Un des rares tricycles motorisés à benne circulant demande à notre guide où nous allons. Pour lui, nous ne devons pas y aller seuls. Nous voilà avec nos deux vélos et sept autres personnes assis dan la benne.Régulièrement, notre pilote s'arrête pour demander si nous pouvons continuer. Un passant lui conseille de contourner le secteur. Nous traverserons des kilomètres de champs. Au loin, sur l'avenue que nous contournons, nous voyons la foule, des attroupements.

Dans ces moments là, on pense au pire. Il y a quelques années, lors de manifestations de mineurs dans le nord du pays, l'armée avait ripostée à balles réelles...

Nous rejoignons la route: Devant une station-service, une dizaine d'autocars attendent. Toujours avec nous, notre petit bout de femme nous trouve celui de Puno. Comme avec le pilote du tricycle, je suis prêt à payer 50 uo 100 soles s'il le faut. Ici, on ne calcule pas. Le climat est délètère. C'est chaud. Après nous avoir demandé 10 soles pour le contournement, le trycicle nous aura couté 55 soles. Le regard de Flo était clair: on 'en fout, il faut partir... Dans le bus pour Puno,notre petite femme nous a à l'oeil, on appelle ca un ange gardien. Elle nous accompagnera meme á Puno pour nous trouver une hospedaje. Nous nous souviendrons longtemps d'elle.

Il a été impossible pour Flo et moi de prendre la moindre photo. La lutte á Juliaca semble bien radicale. La réaction á notre arrivée á l'hotel, quand á l'accueil on a su que nous arrivions de lá bas, á èté claire. Cela fait trois jours que Juliaca est bloquée par des émeutes. A priori la population se révolte contre le gouvernement de la région ultra corrompu alors que les gens sont de plus en plus pauvres.

Depuis le debut de notre voyage, nous trouvons notre périple dificile. La condition de la population, le choix de faire tout ca á vélo, etc... Aujourd'hui a été une journée de véritable frayeur pour nous deux. Sommes nous taillés pour vivre ca nous en doutons tous les deux. Nous devons laisser redecsendre la pression et repenser á tout ca avec lucidité. Ce soir, nous sommes a Puno, au bord du lac Titicaca.

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C
oui, super flippant de lire cet article......j espere de tout cœur que cela ira mieux par la suite....c est marrant votre rencontre avec des québécoises....j ai plusieurs amies québécoises, rencontrées lors de mon périple sur Compostelle ...bon je continue....
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L
Salut, me permettez vous d'insérer une ou deux photos de vous et un bout de vos récits de voyage, dans le prochain journal de la Ruche (à paraître le 13 décembre).<br /> Vous me faites bien envie, mais je vous rejoindrai pas cette fois ci.<br /> Content de voir que vous êtes à fond, ça vous laissera des sensations inoubliables !<br /> Bises et à plus
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S
C'est flippant! <br /> Prenez soin de vous. Les français ne se rendent pas forcément compte de la chance qu'ils ont. <br /> En tout cas il faut essayé de ne pas prendre trop à cœur les choses.<br /> Vous êtes des idéalistes et vous avez un cœur énorme, mais vous ne pouvez rien changer au système. Faites seulement attention à vous et pour une fois au lieu de penser aux autres, pensez à vous.
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L
On pense à Vous et Flo, je parle beaucoup avec Maman ........<br /> <br /> Bisous à Vous 2 Mado et Flle
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P
On perçois les multiples sentiments que vous vivez,j'ai peur aussi mais c tellement bon de vous lire.<br /> Gros bisous
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