/image%2F0773670%2F201309%2Fob_4ef7fd_chili-carretera-australe-117-panorama-copier.jpg "Six mois d'aventures à vélos à la rencontre des paysages époustouflants de la Cordillière des Andes. De l'Altiplano à la Terre de Feu !")
Et nous voilà aux confins de la Terre...
Publié le 12 Mars 2014
C'est avec une grande émotion (encore une fois...) et beaucoup de fierté que nous vous annoncons notre arrivée à Ushuaia, fin de notre aventure, fin du monde civilisé. Et oui, nous ne pouvons pas aller plus loin. Nous sommes au bord du canal de Beagle. De l'autre côté de l'île qui nous fait face, avec son fameux "phare des Eclaireurs", se trouve le célèbre Cap Horn. Après, c'est le continent Antarctique et le pôle Sud...
Ushuaia ! Ce nom que nous rabachons depuis des mois...
Lima-Ushuaia... Ce périple que nous avons tant préparé avec enthousiasme, avec bonheur et aussi parfois avec beaucoup d' angoisse. Allions nous y arriver ? Combien de kilomètres allions nous parcourir sur nos fidèles bicyclettes ? N'est-ce pas trop dangereux de bivouaquer n'importe où ? Nos corps et nos têtes allaient-ils suivre ?...
A toutes ces questions, seul le voyage en lui même pouvait y répondre. Et nous sommes là, aux confins de la Terre...
Lima-Ushuaia... 9300 kilomètres,au total, d'un périple extraordinaire. Le compteur de mon vélo indique 6500 kilomètres. 6500 put**** de kilomètres, le c** sur nos selles !!!
Flo: "Encore une victoire pour les meilleurs !!!"
Tom: "Ouais ! Trop balèzes!!!"
Notre dernière étape nous a donc menée de Puerto Natales à Ushuaia en neuf jours. Durant ces journées à pédaler, nous avons traversé des lieux aux noms de légendes. Des noms que tu lis dans les livres d'aventures. Des noms qui ont été donné par les grands explorateurs ou en leur mémoire : Détroit de Magellan, Port Famine, Baie Inutile, Terre de Feu, Cordillère de Darwin, canal de Beagle...
Après une première journée de pédalage en direction de Punta Arenas, nous avons planté notre tente sur une aire de jeux pour enfants. Le couché de soleil était, encore une fois magnifique. Le vent, cette nuit là, nous a bien laissé dormir. Fort heureusement, car le lendemain, nous attendait une très longue journée.
En effet, nous avons pris la décision de rallier Punta Arenas sur cette deuxième journée, soit 158 kilomètres en une fois ! Le vent nous a bien aidé. Souvent dans le dos, nous avancions à 28 km/h de moyenne. Parfois, nous avions même pas besoin de pédaler.
Mais au moindre virage à droite, c'est du 7 km/h au taquet sur les pédales ! Diable !!! Nous étions fait comme des rats !
Puis au loin, tu le vois ce bon vieux virage à gauche... Le pied, ca va bouriner sévère!
La Patagonie est la terre des gauchos. Bérets basques vissés sur la tête, Ces bergers sont l'emblème de la vie en plein air.
Les paysages sont, ici, modelés par les estancias, ces grands domaines tous cloturés.
Après 158 kms, nous voilà donc à Punta Arenas. Cette ville est bercée par les eaux froides du détroit de Magellan. Ferdinand de Magellan est le premier navigateur à s'être tapé un tour du monde avec son équipage. Ils ont passé plusieurs semaines à essayer de joindre l'Atlantique depuis le Pacifique. Il réussira grâce à ce bras de mer qui porte désormais son nom.
Rêveurs devant le détroit. Tom: " tu te rend compte,le détroit de Magellan... " Fred: " ouais ! J'aimerai bien voir un orque attaquer des pingouins, c'est fun..." . Merci Fred. On adore ton côté sadique.
Heureusement, aucun orque n'a attaqué quoi que se soit. Sur les eaux du détroit règne un calme apaisant...
Nous avons pris un bateau depuis Punta Arenas pour rejoindre Porvenir, en Terre de Feu. Les baleines nous ont offert un superbe spectacle.
Les dauphins aussi nous ont bien accueilli.
En descendant du bateau, à Porvenir, nous foulons pour la première fois la Terre de Feu. Sur cette ile du bout du Monde, la nature règne en maître entre plaines désolées, fôrets de lengas et tourbières. Nous avons donc refait quelques achats dans ce petit port pittoresque.
Nos premiers jours en Terre de Feu, nous les avons passé à longer la Baie Inutile. Plusieurs hypothèses existent pour expliquer ce nom.
Certains affirment qu'il provient des pionniers qui n'ont pas pu s'installer ici car il y avait trop de vent. Ce lieu servait donc à rien...
D'autres avancent que c'est l'équipage de Magellan qui donna se nom à cette baie dans laquelle ils vinrent se perdre, croyant que c'est ici qu'ils pouvaient rejoindre l'Atlantique...
Quoi qu'il en soit, la recherche de Magellan, dans ces eaux, font de cet endroit un lieu mythique pour qui aime les récits de ces monstres de l'exploration.
Les bivouacs dans cette nature ne sont pas évidents à cause du froid et du vent. Par chance, nous trouvons de loin en loin des petites cabanes pour manger à l'abri.
Au détour d'une piste, nous avons croisé un photographe de National Géographic dans son camping-car 4X4. Il venait de pêcher deux truites dans une rivière du coin. Gracieusement, il nous les a offert. Ni une, ni deux, on ne s'est pas fait prier pour les manger le soir même au feu de camp. Nous avons d'ailleurs, avec ce feu, rendu hommage aux indiens SelkNam et Yagan. Les premiers navigateurs passant dans le quartier ont donné le nom de Terre de Feu à ce lieu inconnu à cause des feux qui parsemaient les paysages alentours. En effet, les indiens de ces deux ethnies vivaient nus dans ce climat rigoureux. Ils s'enduisaient de graisses animales, faisant constamment des feux pour se réchauffer. Il n'y a plus de descendants de ces deux tribues indiennes.
Le sixième jour de route en direction d'Ushuaia, le vent était intenable. Notre salut pour la nuit est venu d'une cabane pour moutons.
Dedans, les tentes ne risquaient pas de s'arracher durant la nuit. Mais le bruit d'Eole a été phénoménale nous empêchant de dormir.
En Argentine et au Chili, beaucoup de gens hébergent gratuitement les cyclo-nomades. La culture d'accueil du voyageur n'est, chez eux, pas un vain mot. Puis nos attirails et les distances parcourues sur leur continent qu'ils savent rude les impressionnent. Du coup, des Casas de Ciclistas fleurissent un peu partout. Ici, à Tolhuin, un boulanger a aménagé un lieu pour les vagabonds de la petite reine. Nous y avons retrouvé notre cher Jérémy que nous avions laissé à Mendoza avec son compère Max. La troupe pour Ushuaia s'agrandit.
Le vent. On le dit sans cesse, mais voyez par vous même. Il est fou furieux. Flo: " Bordel, Tom, j'ai pissé sur une de tes sacoches !!! Y eu une rafale...Heureusement, j'ai rien sur les pieds !!!". Tom, quelques jours plus tard: " Et merde ! J'en est plein le short ! Putain de vent !!! ". Fred: " ouais, ca m'est arrivé hier !!!". Voilà une vraie bonne discussion cyclos de en Patagonie...
Sur la Terre de Feu, les animaux sont partout. Les renards pullulent...
et les guanacos règnent par leur nombre impressionnant.
Mais les plus fascinants resteront pour nous les manchots rois. Leur seule différence avec les manchots empereurs, vous savez, ceux du film, est leur taille. Le manchot roi fait trente centimètres de moins que son cousin de l'Antarctique.
En les découvrant dans leur milieu naturel, au bord de la Baie Inutile, les souvenirs d'enfances ont resurgi. Nous avions suivi pendant un an, à l'école, l'expédition de J.L Etienne et son bateau Antarctica. Voir des manchots en vrai était devenu un rêve.
Avec ce plumage et bien alignée, cette petite bande ressemble fort à la classe 2002 de St Georges pendant la vague. Manque plus que le chapeau et le noeud pap'. Si vous les comptez, ils sont tous là. D'ailleurs, vu leur démarche, ils doivent sortir de chez Colette...
La Terre de Feu, c'est toujours la Patagonie...
Non, il n'y a pas de girafe ici, toujours de guanacos. Pourtant, dans ce paysage de savane africaine, on a passé du temps à chanter la musique du film "Le Roi Lion".
Et toujours le spectacle fascinant du couché de soleil. A force, tu as presque envie de voyager à vélos seulement pour les bivouacs. A cet endoit, nous nous sommes réveillés dans une tente qui avait gelée durant la nuit. Au moment du petit dej', le thermomètre indiquait un petit 2 dC.
Notre dernier passage de frontière entre le Chili et l'Argentine se fait en plein coeur de l'îl de Terre de Feu. Au total nous aurons fait la navette six fois entre ces deux pays.
Et parfois, chiliens et argentins n'arrivent pas à s'accorder...Nous sommes ici entre la douane chilienne et la douane argentine. La grande question est: "Mais qui doit payer le pont ?". Pendant ce temps, on se les gèle, car ici, vous pouvez nous croire, ca pique !
Quand tu viens de te taper 9000 bornes et que tu vois ca....heu...comment dire ? Ben ca fait bizarre et pi c'est tout !
Le dernier jour de notre périple, il nous restait seulement 50 kilomètres à parcourir. Nous avions dormi au bord du lac, et nous voilà en haut, au soleil. Quelques heures plus tard, Ushuaia allait nous accueillir sous des rafales de neige...
...et, et, et voilà...Ushuaia !!!! Aux pieds de sommets et bercée par les eaux du canal de Beagle, nous nous trouvons tout à fait à la pointe sud du continent américain.
Notre voyage s'achève donc ici, sous la neige venant d'Antarctique. La joie est grande d'avoir réussi et d'avoir vécu un très grand truc. Nous avons hâte, aussi de tous vous retrouver. Ces six mois sont passés très vite, mais le manque de nos proches a toujours été présent. Mais bon, on aurait bien continué quand même...On vous remercie, aussi, de nous avoir encouragé avec vos petits messages. Ils nous ont poussé dans les moments difficiles.Il nous reste, maintenant, quelques jours à Ushuaia. Visite du phare des Eclaireurs et découverte des lions de mer sur les îles alentours sont au programmes. Puis, dimanche, nous nous envolons pour Buenos Aires où nous resterons quatre jours pour découvrir la vie des porteños et apprendre à danser le tango. Nous serons en Beaujolais comme prévu vendredi 21. Nous sommes chauds pour rentrer de St Ex' avec nos vélos. A très vite !!!